Blaugrau
Daniel de Roulet

Blaugrau

Übersetzt von Maria Hoffmann-Dartevelle

Daniel de Roulet: Die menschliche Simulation [3]

240 Seiten, gebunden mit Schutzumschlag
September 2001
SFr. 34.–, 34.– €
sofort lieferbar
Titel der Originalausgabe: «Gris-bleu» (Edition du Seuil 1999)
978-3-85791-366-2

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Blaugrau sind die Augen des jungen Mannes, der rastlos durch die Welt treibt, den Tod im Nacken. Er ist ein Retortenkind mit einem Fehler im genetischen Code, der ihn vorzeitig altern lässt: Ein moderner Odysseus, dessen Irrfahrt der verzweifelte Versuch ist, den programmierten Tod zu verhindern.

Der rasante Text ist der dritte Roman aus Daniel de Roults «blauer Serie», einer weltumspannenden Familiengeschichte über fünf Generationen.

Daniel de Roulet

Daniel de Roulet, geboren 1944, war Architekt und arbeitete als Informatiker in Genf. Seit 1997 Schriftsteller. Autor zahlreicher Romane, für die er in Frankreich mit verschiedenen Preisen ausgezeichnet wurde. Für sein Lebenswerk erhielt er 2019 den Grand Prix de Littérature der Kantone Bern und Jura (CiLi). Daniel de Roulet lebt in Genf.

 

La Simulation Humaine

Die Farbe Blau durchzieht diese Saga einer schweizerisch-japanischen Clangeschichte, die den Übergang von der industriellen zur virtuellen Gesellschaft thematisiert und in deren Zentrum die Wissenschaft und Technologie des Atoms steht. Die Romane überspannen eine Spielzeit von 1938 bis heute und vier Generationen vom Schweizer Patriarchen Paul vom Pokk (1896-1996) einerseits, der japanischen Violinistin Fumiko (geb. 1919) anderseits, bis zu deren gemeinsamer Urenkelin Kumo (geb. 1991).

«Roulet ist als Informatiker Wissenschaftler genug, um zu verstehen, dass einen die Atomkraft auch faszinieren kann. In seinen Romanen hat er eine weit verzweigte Familie erfunden, in der sich Atomkraft-Experten und Kernkraft-Saboteure bekämpfen. Die Saga um die vom Pokks – es sind mittlerweile fast zehn Romane – erstreckt sich inzwischen über das gesamte vergangene Jahrhundert und reicht bis in die Zukunft. Sie wirkt auch wie eine Chronik dieser manchmal so irreal erscheinenden Staatsinsel, der Schweiz.» Süddeutsche Zeitung

 

 

simulation

 

Après la sortie de Bleu Siècle, deuxième titre de ma série bleue, en 1996, j’ai reçu le curieux téléphone d’un avocat d’affaires travaillant dans notre capitale fédérale. Pour le compte d’un anonyme client, il voulait savoir d’où me venaient les repères biographiques de Paul vom Pokk, figure centrale de ce roman, vieillard aussi helvétique qu’antipathique. L’avocat s’intéressait en particulier aux épisodes évoqués dans mon livre qui lui paraissaient trop vraisemblables pour être vrais. S’agissait-il de pures inventions de ma part ou, comme il me le disait, d’une réalité «fortement inspirée par une personne existante»? Je me suis fait un plaisir de laisser planer le doute chez l’avocat. Il tâtait le terrain, moi aussi. Il espérait quelque argent sans doute pour le compte de son client. Je devinais un Suisse antipathique atteignant bientôt sa centième année. L’avocat: «Vous savez ce qu’est une plainte en diffamation?». Je lui ai fait remarquer que j’avais vérifié tous les faits racontés. Il existe bien un Suisse qui a produit des films de propagande nazie, il existe aussi un directeur de notre Banque nationale qui a utilisé sa position pour des renseignements d’initié, il existe enfin un père qui a placé sa fille au Conseil fédéral en orchestrant une campagne médiatique. Ce n’est pas ma faute si tous personnages n’en forment qu’un seul, qui m’envoie son avocat. Le nom de vom Pokk n’est pas l’anagramme exact de Kopp, chacun peut le vérifier. L’avocat a finalement laissé tomber une plainte en diffamation contre un auteur dont il ne désirait pas augmenter les ventes par un procès. Je continue donc de penser que Paul vom Pokk est une bonne invention de ma part et que toute ressemblance avec une personne vivante ou ayant existé est construite. Je ne regrette qu’une chose, c’est d’avoir fait mourir mon personnage à la fin de Bleu Siècle. Je m’étais beaucoup attaché à lui. Pour ce qui est de son physique et de quelques anecdotes sans importance, j’avais puisé dans ma propre famille. J’ai vu mourir mes deux grands-pères, l’un à Genève, l’autre au bord du lac de Zurich, j’ai cru pouvoir prolonger leur vie dans un roman. En repensant à Bleu Siècle, il m’arrive de croire que mon grand-papa suisse allemand est encore dans la chambre d’à côté en train de cracher la fumée de son cigare. Il n’est pas possible de se séparer pour toujours des grands-pères qu’on a aimé, même en les noircissant.

 

 


Comment pourrais-je abandonner un personnage que j’ai mis tant de temps à inventer, recopier, adapter? Un bon personnage n’est pas un personnage mort, mais un point de vue qui reste. A travers ses yeux j’essaye de regarder le monde, de comprendre quelques situations, d’éclairer quelques scènes qui me tiennent à cœur. Dans le cas d’un très vieux monsieur qui finit par mourir, il existe un moyen littéraire de le prolonger. C’est le même moyen que dans la vie: il suffit qu’il ait des enfants. A travers eux, l’air de famille, les traits du visage et du caractère se prolongent.

Dans ma série bleue, d’un livre à l’autre, j’essaie de profiter de ce que j’ai appris sur les personnages, soit parce que j’ai eu affaire à eux, soit parce que j’ai observé leur comportement par le trou de la page. Ils font partie de deux familles qui sont aussi différentes l’une de l’autre que l’est Zurich de Nagasaki. Les vom Pokk d’une part et les Tsutsui de l’autre. Je retrace l’histoire de ces deux familles en utilisant à chaque fois une partie de leur arbre généalogique.

L’ancêtre de la branche Tsutsui est un kamikaze. Il a donné sa vie pour le Japon en 1945 dans une tentative désespérée d’empêcher le bombardement de sa ville, Nagasaki. Ne reste de lui qu’une photo en uniforme blanc d’officier de la marine. Sa femme continue de lui rendre un hommage quotidien en nourrissant son portrait de fruits frais et d’encens. Quelques mois après sa mort naissait Shizuko irradiée dans le ventre de sa mère par la bombe du 13 août 1945. Voilà pourquoi 50 ans plus tard Shizuko (dite aussi l’Allemande, voire Ingeborg) se retrouve au Marathon de New York en chaise roulante tandis que l’architecte Max vom Pokk, son ancien amant, court le même jour la même course. C’est la trame de La Ligne bleue, roman dédié à ceux qui sont nés à la fin des années 40 et ont fermement cru que la bourgeoisie ne passerait pas le siècle.

L’ancêtre de la branche vom Pokk, le patriarche Paul, a eu - outre sa fille Marie - deux fils qui lui ont donné beaucoup de petits-enfants. Parmi ceux-ci, il y a d’une part Max, fils de Max-Paul, et d’autre part Vania, dite la Néphologue, fille de Jean-Paul que sa famille appelle «le disparu» car il ne donne plus signe de vie. La Néphologue a une fille, Kumo, dont le père retenu en prison au Japon est un Tsutsui. Entre l’arrière petite-fille, Kumo, et le vieux Paul vom Pokk, presque centenaire sur son bateau, une course poursuite s’engage. C’est la trame de Bleu Siècle, roman dédié à la fois à une génération née à la fin du 19è siècle et à une autre qui ne sera adulte qu’au 21e siècle.

Comme celle des vom Pokk, la famille du kamikaze Tsutsui croît et se multiplie. Shizuko a une fille et trois fils. Le dernier de ces fils deviendra l’amant de la Néphologue. Il a près de 23 ans quand il raconte son histoire à son ordinateur portable. Son journal s’appelle Gris-bleu, roman dédié à la génération de ceux qui n’ont eu 20 ans que tout à la fin du 20e siècle.

Les Tsutsui et les vom Pokk se rencontrent souvent. En général ils ne se détestent pas, tombent même amoureux l’un de l’autre. Sauf dans Bleu Fusion où les deux familles sont prises dans une lutte à mort. D’un côté Shizuko travaille pour la société Greenwar. De l’autre Marthe vom Pokk, la mère de la Néphologue est employée par Bleu Siècle. Chacune dirige la recherche de son entreprise jusqu’au jour fatal où les dieux de la Bourse décident de la fusion de Greenwar et de Bleu Siècle. C’est la trame de Bleu Fusion, roman dédié aux femmes qui finissent leur carrière professionnelle en même tant que le 20e siècle.

Je suis en train de terminer le cinquième roman de cette double histoire de famille. Il y aura du bleu dans le titre, et sûrement des enfants qui grandissent, des vieillards qui quittent la scène. A raison d’une génération par roman, il me restait à parler plus en détail du rapport de l’architecte Max (génération 68) et de son fils (génération 01), un Tsutsui dont je ne sais que le surnom: O-Bleu. Ce sera le cinquième de la série bleue.

A force de m’occuper en même temps des deux familles, j’ai l’impression de faire partie à la fois de l’une et de l’autre. Je ne me sens ni tout à fait Japonais ni tout à fait Suisse, comme le sont mes lecteurs. Eux sont libres de rencontrer ces deux familles à n’importe quel moment, de lire ma série bleue sans ordre établi, puisque dans chaque roman, ils feront connaissance avec une autre génération comme il m’est arrivé de le faire, au hasard d’une rencontre au Japon, à Zurich, Londres ou Brasilia. La seule chose que je ne peux pas faire à la place de mes lecteurs, c’est de choisir quelles pages sauter.

Plus jamais je n’ai entendu parler de l’avocat d’affaires qui voulait les clés de Bleu Siècle. J’avais pourtant, littérairement, anticipé la ruine de la famille de son client réel. De même dans Gris-bleu j’avais inventé par avance le vieillissement précoce et soudain qui frappe les organismes clonés. Un mois après la sortie de mon roman, une revue scientifique américaine annonçait les résultats d’une étude sur le vieillissement trop précoce des clones. Cette fois, c’est un journaliste qui a voulu savoir comment j’avais eu connaissance des faits avant qu’ils ne soient publiés.

En touchant au passé j’ai été menacé d’une plainte en diffamation, quand j’ai raconté le futur j’ai été suspecté d’espionnage économique. Dans ma série bleue je n’ai envisagé pourtant de raconter que les étapes emmêlées de notre présent. Une sorte de simulation humaine à travers plusieurs générations.

 

 

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Maria Hoffmann-Dartevelle

Maria Hoffmann-Dartevelle

1957 in Bad Godesberg geboren, studierte Romanistik und Geschichte in Heidelberg und Paris. Seit Mitte der Achtzigerjahre u.a. als freiberufliche Übersetzerin tätig. Übersetzte neben Sach- und Kinderliteratur Romane, Essays, ein Hörspiel und Liedertexte französischer, Schweizer, spanischer und südamerikanischer Autoren, darunter René Crevel, Alberto Giacometti, Marcel Lévy, Joseph Bialot, Michel Quint, Tito Topin, Daniel de Roulet, Amélie Plume, Noëlle Revaz, Pascal Rebetez, Rafael Alberti, Manuel Altolaguirre, César Aira, Rubén Blades, Silvio Rodriguez, Fito Paez.

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Was soll ich von einem Typen wie mir halten?

begib dich auf die Fahrt und suche nach deinem lange verschollenen Vater! Vielleicht kann es dir einer von den Sterblichen sagen, oder du hörst ein Gerücht ...     Odyssee, I, 280—283

Was soll ich von einem Typen wie mir halten?

Bei mir hat alles Standardformat, die Vergangenheit — bis achtzehn im Gymnasium —, die Gegenwart — seit einem Jahr an der Universität von Tsukuba — und sogar die Zukunft: ein Diplom in Gentechnik, eine feste Stelle, eine kleine Familie und eine Wohnung mit genügend Komfort, damit Mutter und Großmutter möglichst oft zu Besuch kommen.

Ich trage Sportschuhe aus der Fernsehsendung Gefühle live!

Meine T-Shirts sind mit hippen Sprüchen bedruckt: »Ich hab Walfische zum Fressen gern!«

Meine engen Hosen mit den fünf Taschen behalten ihre Bügelfalten, weil ich sie unter die Matratze lege.

Mutter versorgt mich nach wie vor mit Socken und Unterwäsche.

Der Friseur stutzt mir die Haare auf die Standardfrisur der Campusstudenten: ausrasierter Nacken, darüber längeres Oberhaar.

Was die Zukunft betrifft, werde ich vielleicht doch mal anders sein als meine Kollegen, etwas weniger standardisiert. Mutter jedenfalls behauptet, das Gelb meiner Haut unterscheide sich von dem der anderen, weil es mit weiß vermischt sei. Sie glaubt, dass der Inhalt des Reagenzglases, den man ihr in die Eileiter gegossen hat, nicht hundertprozentig made in Japan war. Daher meine überdurchschnittliche Größe, meine zu runden Augen und mein verfrühter Bartwuchs, der nach täglicher Rasur verlangt. Der fehlende Vater ist kein Handikap, in der Hinsicht geht es mir wie den Söhnen der Kamikazeflieger. Mutter hat ihren Vater, dessen letztes Foto mit der weißen Uniform des Marineoffiziers pietätvoll unser Wohnzimmer schmückt, nicht gekannt.

Jetzt unternehme ich einige Anstrengungen, um herauszubekommen, was ich von mir halten soll: An meinem Handheldcomputer sitzend, schreibe ich mit so wenig Gefühl wie möglich meine Tageserlebnisse auf. Die Technik ist neutral, sie speichert. So erzähle ich ihr von meiner Leidenschaft für Mützen mit großem Schirm, von meiner Liebe zu blauen Brillen und meinen Neid, wenn jemand Handschuhe aus einem neuen Material trägt.

*

Heute morgen, als ich gerade dabei bin, die Entwicklung des geklonten Gewebes von Zellen afrikanischer Frösche unterm Mikroskop zu beobachten, lässt der Assistent mich wissen, dass Herr Professor Takeda mich in seinem Büro erwartet. Jetzt gleich.

Was kann er von mir wollen? Meine Semesternoten liegen über dem Durchschnitt, meine Hausarbeiten hab ich fristgerecht abgegeben. Herr Professor Takeda hat mir sogar ein persönliches Lob auf das von der Universität ausgegebene Formular geschrieben. Ich tue mein Bestes, um mich nicht von meinen Kollegen zu unterscheiden. In meinem Zimmer im Studentenwohnheim dusche ich weder nach zweiundzwanzig Uhr noch vor sechs Uhr morgens und benutze die Handtücher nicht für meine Kulis. Ich verstopfe das Waschbecken nicht mit Kippen. Was den Genetikunterricht betrifft, halte ich Abstand von den extremistischen Sprüchen anonymer Kritiker, die die Toilettentüren und den unteren Teil der Pulte zieren. Ich verstreue auch nicht die Eier dreibeiniger Frösche in der Natur.

...

Espace 2, 07. April 1999
Radio Suisse Romande 1, 10. April 1999
Télévision Suisse Romande, 15. April 1999
Tages Anzeiger, 16. April 1999
La Tribune de Genève, 17. April 1999
La Tribune de Genève, 17. April 1999
24 Heures, 20. April 1999
Le Courrier, 24. April 1999
La Liberté, 25. April 1999
Scène Magazine, Mai 1999
Le Temps, 01. Mai 1999
L'Hebdo, 20. Mai 1999
Radio Alligre, 26. Mai 1999
Politis, 27. Mai 1999
France Info, 27. Mai 1999
France Culture Panorama, 27. Mai 1999
Le Soir, 31. Mai 1999
Le Magazine littéraire, Juni 1999
France Culture, 07. Juni 1999
Le Monde, 25. Juni 1999
Radio France Internationale, 27. Juni 1999
Le Républicain Lorrain, 06. August 1999
Tages Anzeiger, 11. Oktober 1999
Tages-Anzeiger, 08. Oktober 2001


«Eine Abenteuergeschichte und Analyse der Gegenwart, grell beleuchtet durch de Roulets exakte Fantasie.» Tages-Anzeiger

«Diese vergnügliche Scharade dürfte noch komplizierter werden, wenn einmal die beiden noch ausstehenden Romane vorliegen.» Neue Zürcher Zeitung

«‹Blaugrau› ist der dritte Roman, in dem de Roulet, nach ‹Die blaue Linie› und ›Blaues Wunder›, die Saga der Jahrhundertwende fortschreibt, hart am Nerv einer Zeit, die sich anscheinend mit dem Verschwinden der Realität abfindet und dennoch zunehmend die Macht über Leben und Tod ergreift.» Gérald Froidevaux, Tages-Anzeiger

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